Les morceaux du puzzle que j’assemble patiemment vers demain commencent à prendre forme. Encore trop faibles pour former un tout, de se consolider séparément, ils dessinent les contours d’un ensemble cohérent. Dans l’hypothèse d’un avenir lointain, ils forment de petits cailloux sur lesquels poser les pieds pour ne pas s’enfoncer. De persévérer m’apprend à résister à l’envie de renoncer. De tenir d’un jour à l’autre laisse le temps aux choses de se faire. Les échéances lointaines d’hier arrivent sans prévenir. Entre temps, d’autres se sont interposées. L’inertie de l’inaction fait place à la dynamique du mouvement. J’avance. C’est certain….
Avec une quarantaine de publications sur Instagram, je suis novice et maladroite. J’oublie les # un jour sur deux. Je ne respecte pas les horaires d’affluence pour donner le plus de chance à mes postes d’être vues. Je n’ai pas le temps nécessaire à la recherche d’abonnements susceptibles de créer du trafic sur mes propres interactions.
A à peine cent abonnés, je rêve de milliers sans les mériter. La sincérité ne suffit à susciter l’intérêt. En discutant avec une amie, je me rends compte qu’au-delà de mon vécu, tout ce que j’ai pu lire et qui alimente mon combat saurait intéresser.
Le courant d’empowerment américain. L’émancipation. L’accessibilité universelle. L’anti validisme. La lutte contre l’handiphobie. Tellement de choses que je sais sans oser les montrer. Je réalise qu’avant de demander aux autres de partager mes idées, il me faut les expliquer. Les démontrer. Les partager.
Convaincre requiert plus que l’illustration. Les clapotis de conscience que son histoire déclenche doivent rejoindre les flots de courants installés pour renverser un ordre établi depuis des années. Mes réflexions ne sont pas isolées. D’autres les partagent et ont bien avancé. Des collectifs. Des écrivains. Des chercheurs. Des philosophes et des sociologues. Des états unis à la vieille europe, l’empowerment bouillonne.
Le XXème siècle fut celui des libérations. Des races. Des Femmes. De la sexualité et des personnes en situation de handicap. A la traine ces derniers peinent pourtant à s’émanciper. Nous sommes encore trop peu à les représenter. Ils n’occupent les postes qu’ils devraient.
Nous leur refusons l’égalité sous prétexte de leurs incapacités alors qu’il nous faudrait envisager leur complémentarité.Même si de nombreuses publications traitent de la question de leur discrimination, peu prennent la peine élémentaire de les associer au débat. Ils critiquent leur exclusion en pratiquant ce qu’ils condamnent de n’admettre que, même sur ces questions, ils auraient une contribution.
Je cherche depuis toujours à exposer sa différence. La présenter comme une richesse. Décrire mon émerveillement. Comme Pascal Jacob, « jamais sans eux », je veux leur donner la parole. Qu’ils s’expriment sur chacune des analyses qui dissèquent leur condition. Mettre en regard ce que l’on voit et ce qu’ils savent.
D’un bout à l’autre et inversement. Un courant qui change de sens. Qui transporte des points de vue dans un sens, dans l’autre et réciproquement. Une alternative !?
Ceux qui nés autrement n’ont d’autre choix que de se plier à ce qui sied au plus grand nombre. Ceux qui par leurs particularités sauraient enrichir nos spécificités mais que nous condamnons au mutisme par manque de considération. Ceux qui avant lui ne m’étaient pas visibles mais que je ne peux ignorer désormais.
Leur richesse côtoyée au quotidien m’est devenue une évidence. Leur sincérité et le bienêtre de leur proximité. La certitude de leur complémentarité. L’envergure de leur potentialité. Le gâchis d’une société prétendant s’en passer. La détresse éprouvée de se sentir rejeté. La frustration d’avancer sans horizon pour se motiver. L’abandon d’un système dont ils font partie autant que ceux qui les en prive. Liberté. Égalité. Fraternité.
Où se trouvent ces notions égarées lorsqu’il s’agit de leur devenir ? Au sortir de l’enfance dorée, celle où autrui pourvoit et gomme les différences, qu’est ce qui attend nos ados déboussolés d’espérer en une société qui n’entend pas les assimiler. Des trois piliers essentiels à l’émancipation de chacun, sur lesquels pourront ils s’appuyer ? Une famille ? Un boulot ? Des amis ?
Bien que des solutions existent et soient promues comme excuses de notre incapacité, qui d’entre nous voudrait en bénéficier. Des entreprises adaptées aux activités limitées ! Des relations sociales encadrées fléchées comme les budgets qui drainent les populations rencontrées ! L’interdiction de procréer pour contenir les difficultés ! …
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